Le cousin m’avait laissé un message sur mon portable, apparemment un peu emmerdé ; un truc zoutait chez lui…
Je le rappelle et il m’explique qu’en voulant ramoner le conduit de sa cheminée, il a coincé le hérisson et que no way pour le sortir de son terrier…il me dit qu’avec ma puissance légendaire ; il ne faudra pas plus de deux minutes à tous les deux pour retirer la bestiole. Ok deal, on se met d’accord pour une inter éclair entre midi et deux le lendemain ; il habite à un quart d’heure maxi de l’usine à avions ; ça devrait poser aucun problème…enfin ça c’est ce que je croyais…
Le lendemain, la matinée de taf’ écoulée, je mets le cap vers Cousin Land à la limite du Ger(s) ; un bon quart d’heure plus tard, j’arrive sur site ; petite bise à cousine et cousin, puis étude du terrain. Tant bien que mal en exécutant un magnifique Fosbery statique, je passe la tête dans l’insert ; observe le conduit et liste dans ma tête les possibilités pour retirer la bestiole…
Comme chuis de nature plutôt optimiste, j’affirme au cousin que non seulement je vais lui décoincer sa jolie brosse du tuyau, mais qu’en plus je vais mettre tout en œuvre pour conserver son intégrité physique… J’ai menti…
Torse-poil, le dos cambré, la tête dans le foyer, les mains dans la tuyauterie, je commence à réaliser que le putain de hérisson est bel et bien coincé et qu’il lâchera pas l’affaire de sitôt ; mes deux trois tentatives de secousses et tractions diverses sur l’animal ont pour seul effet de me pourrir les yeux de poussières et de me repeindre la face de suif façon Youssou’n dour de la cheminée…
Ok on reste calme, inspiration ; toux, irritation des bronches à coup de poussière de suif… je demande au cousin une torche pour mieux évaluer la situation et mettre en place une nouvelle stratégie… Le cous’ me rapporte une super Maglight-Légo pro en plastique noir et jaune; une fois allumée, je réalise qu’on est pas tiré d’affaire avant des plombes ; les piles doivent fonctionner à huit pour cent et tout juste si j’arrive à éclairer vingt centimètres au dessus de ma tête. Le cousin me rapporte aussi le kit d’intervention :
une pince coupante à l’allure de tenaille ; une corde en nylon plus destinée à attacher des enfants dans une cave quelque part en Belgique que de sortir un hérisson d’une cheminée et des chiffons pour constituer un matelas bien moelleux dans le foyer de la cheminée, hein on est pas des bêtes !!! Je repars au combat ; les bras en l’air ; le dos dans le vide, j’opte pour une solution plus radicale ; je vais pulvériser le putain de hérisson à coup de pince-coupante, de coupe-boulons et de pognes de boxeur…
La lutte est sans pitié ; je suis de plus en plus black ; de plus en plus aveugle ; le cousin m’aide de temps à autres à tirer sur le manche du hérisson pour essayer de le sortir en force, mais le fils de rien s’accroche de ses petites griffes métalliques !!! J’en fais une question d’honneur, il y en a un de nous deux en trop dans cette cheminée !!! Les deux minutes initialement programmées pour cette intervention se changent en deux heures, il est déjà plus de quatorze heure, je suis parti du taf’ à midi ; j’appelle mon chef pour lui expliquer mon retard ; que chuis emberlifiquoté dans une affaire de famille délicate, que l’honneur de la tribu est en jeu tout ça tout ça ; compréhensif (lui aussi a une cheminée) il me couvre…
Je repars à la guerre ; l’écume aux lèvres, le faciès noir mât ; No surrender !!! Re-dos dans le vide, re-bras en l’air ; au passage l’animal me plante ses épines vicieuses dans les doigts, ça ne me donne que plus envie de lui exploser sa truffe !!! Je lui découpe ses pattes, le tord dans tous les sens, lui shoote dans la gueule !!!
Enfin j’arrive au bout ; je dégage la carcasse de l’animal ; le poil frisé, sa mise-en plis détruite…je pousse le kiaï victorieux du Samouraï Yaaaaahaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!!
Une bonne douche plus tard et une biz biz aux cousins, je repars le jean pourri, les yeux rouges et les ongles noirs vers la fabrique à avion. Quinze heures, je m’assois devant mon PC en me jurant que quand je serai grand je voudrais certainement pas être ramoneur…
Magnifique récit! Dans mon désarroi, vous m'avez redonné le sourire! Laissez tomber le ramonage, écrivez des romans!!!!
RépondreSupprimerMagnifique récit! Dans mon désarroi, vous m'avez redonné le sourire! Laissez tomber le ramonage, écrivez des romans!!!!
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