J’peux pas dire que chuis un fan de la TNT, mais parmi les nombreux programmes foireux il y en a un qui sort du lot et qui me plais bien : « Man v.s Wild, seul face à la nature » … Le principe est simple, Bear GRYLLS, un ancien membre des forces spéciales britanniques se fait déposer au beau milieu d’une contrée sauvage et hostile avec pour seuls équipements un couteau, une pierre à briquet, et une gourde d’eau ; suivi par un caméraman, il doit rejoindre la civilisation par ses propres moyens en ne se servant que des ressources dont il dispose autour de lui … Dans bien des cas, GRYLLS se met dans des situations plus qu’inconfortables, soumis à différentes épreuves comme le froid, la faim et un environnement naturel rugueux, son parcours est souvent rude et semé d’embuches …
A bien y penser, je me dis que vivre dans un pigeonnier au cœur du Lauragais n’est pas si éloigné que ça des aventures de GRYLLS… A une époque où les trois quarts des foyers français sont équipés de la clim’ réversible et où la température moyenne des habitations frise les vingt quatre degrés, j’me fais des réveils à trois degrés en plein mois de Décembre… Tant bien que mal, j’ai négocié avec mon proprio d’installer un poêle à bois histoire de compenser l’isolation plus que limite de ma tour et une évidente impossibilité de me servir des radiateurs électriques, autant poser une bouillotte sur un glacier !!!! Mais comme commander du bois et se le faire livrer c’est trop facile, je vais chercher moi-même le combustible dans le bois en contrebas de chez moi… armé d’une hache, d’une scie et d’un sac de marin en toile, j’’me cogne la découpe des bûches à l’ancienne et je me remonte le tout sur le dos à travers champs jusqu’au pigeonnier… Ensuite j’ai plus qu’à prier les Dieux du vent pour que le zef souffle dans la bonne direction et que le poêle n’enfume pas ma tanière comme celle d’un vulgaire renard… Quand les choses tournent bien et que les esprits du Lauragais me sont favorables, j’arrive à faire grimper la température intérieure jusqu’à treize ou quatorze degrés ; bref les tropiques !!! Le Lauragais ça se mérite ; mais pas dans une maison Bouygues ou Phénix, non ; à l’ancienne avec le chlass et les corones …. (certes petites vu la température moyenne…).
Et encore je ne parle pas des luttes territoriales contre les mulots, les souris ou divers arachnéens ; là il s’agit de ne jamais baisser la garde et t’imposer en patron !!! Si tu commences à te laisser envahir, tu as tôt fait de te faire virer de chez toi ; KILL THE MONSTER, NO SURRENDER !!!
Quand le temps se déchaîne, la nature reprend ses droits ; une pluie battante m’interdit de monter en caisse jusqu’à chez moi, ou alors si je tente le coup, j’ai environ une chance sur deux de laisser ma Mégane de course plantée au milieu du champ dans quarante centimètres de boue… Par temps super humide, chuis bon pour me taper trois cents mètres de montée en reculant dans mon chemin le tout en évitant les pierres, les ronces ou de dévaler le talus un vrai Camel Trophy en plein Lauragais…
Planté au beau milieu d’une colline, le moindre souffle de vent se répercute puissance cent sur ma tour ; la charpente grince et tremble comme un vaisseau espagnol du XV ème siècle, les murs oscillent au rythme des bourrasques, parfois je m’imagine gardien de phare planté sur un rocher au cœur d’un océan déchaîné, la sensation doit être relativement proche…
J’en arrive à me dire que si je vends bien mon concept de vie, je dois pouvoir signer un contrat d’exclusivité avec Décathlon pour tester leur matos Quetchua en situation extrême ; affronter les éléments pour pouvoir fièrement apposer le label « extreme conditions approved» un Man v.s Wild là à portée de main, à quatre kilomètres de Castanet…