jeudi 30 juin 2011

MAN VS WILD IN LAURAGAIS


J’peux pas dire que chuis un fan de la TNT, mais parmi les nombreux programmes foireux il y en a un qui sort du lot et qui me plais bien : « Man v.s Wild, seul face à la nature » … Le principe est simple, Bear GRYLLS, un ancien membre des forces spéciales britanniques se fait déposer au beau milieu d’une contrée sauvage et hostile avec pour seuls équipements un couteau, une pierre à briquet, et une gourde d’eau ; suivi par un caméraman, il doit rejoindre la civilisation par ses propres moyens en ne se servant que des ressources dont il dispose autour de lui … Dans bien des cas, GRYLLS se met dans des situations plus qu’inconfortables, soumis à différentes épreuves comme le froid, la faim et un environnement naturel rugueux, son parcours est souvent rude et semé d’embuches …
A bien y penser, je me dis que vivre dans un pigeonnier au cœur du Lauragais n’est pas si éloigné que ça des aventures de GRYLLS… A une époque où les trois quarts des foyers français sont équipés de la clim’ réversible et où la température moyenne des habitations frise les vingt quatre degrés, j’me fais des réveils à trois degrés en plein mois de Décembre… Tant bien que mal, j’ai négocié avec mon proprio d’installer un poêle à bois histoire de compenser l’isolation plus que limite de ma tour et une évidente impossibilité de me servir des radiateurs électriques, autant poser une bouillotte sur un glacier !!!! Mais comme commander du bois et se le faire livrer c’est trop facile, je vais chercher moi-même le combustible dans le bois en contrebas de chez moi… armé d’une hache, d’une scie et d’un sac de marin en toile, j’’me cogne la découpe des bûches à l’ancienne et je me remonte le tout sur le dos à travers champs jusqu’au pigeonnier… Ensuite j’ai plus qu’à prier les Dieux du vent pour que le zef souffle dans la bonne direction et que le poêle n’enfume pas ma tanière comme celle d’un vulgaire renard… Quand les choses tournent bien et que les esprits du Lauragais me sont favorables, j’arrive à faire grimper la température intérieure jusqu’à treize ou quatorze degrés ; bref les tropiques !!! Le Lauragais ça se mérite ; mais pas dans une maison Bouygues ou Phénix, non ; à l’ancienne avec le chlass et les corones …. (certes petites vu la température moyenne…).
Et encore je ne parle pas des luttes territoriales contre les mulots, les souris ou divers arachnéens ; là il s’agit de ne jamais baisser la garde et t’imposer en patron !!! Si tu commences à te laisser envahir, tu as tôt fait de te faire virer de chez toi ; KILL THE MONSTER, NO SURRENDER !!!
Quand le temps se déchaîne, la nature reprend ses droits ; une pluie battante m’interdit de monter en caisse jusqu’à chez moi, ou alors si je tente le coup, j’ai environ une chance sur deux de laisser ma Mégane de course plantée au milieu du champ dans quarante centimètres de boue… Par temps super humide, chuis bon pour me taper trois cents mètres de montée en reculant dans mon chemin le tout en évitant les pierres, les ronces ou de dévaler le talus un vrai Camel Trophy en plein Lauragais…
Planté au beau milieu d’une colline, le moindre souffle de vent se répercute puissance cent sur ma tour ; la charpente grince et tremble comme un vaisseau espagnol du XV ème siècle, les murs oscillent au rythme des bourrasques, parfois je m’imagine gardien de phare planté sur un rocher au cœur d’un océan déchaîné, la sensation doit être relativement proche…
J’en arrive à me dire que si je vends bien mon concept de vie, je dois pouvoir signer un contrat d’exclusivité avec Décathlon pour tester leur matos Quetchua en situation extrême ; affronter les éléments pour pouvoir fièrement apposer le label « extreme conditions approved» un Man v.s Wild là à portée de main, à quatre kilomètres de Castanet…

COMMANDO BERNIE


Ce soir après la Boxe, c’est soirée Barbeuk chez Olive et Rachelle ; un p’tit moment sympa en perspective pour clôturer la semaine écoulée.
Je débarque vers 21h30, pas eu le temps de prendre de douche au club, il faut dire que par cette chaleur, la température corporelle met un certain temps à redescendre à la suite d’une session un peu poussée. Rapidos, je monte prendre une douche dans la magnifique cabine à l’italienne qu’Olive a monté de ses propres mains ; à elle seule, la douche doit bien faire les deux tiers de mon pigeonnier. Dès que la robinetterie dépasse plus de deux boutons, j’me paume un peu dans les manips et là ça rate pas, le premier jet qui sort du pommeau doit bien friser les soixante dix degrés, et il s ‘en faut de peu que je ressorte comme un gambas ébouillanté des mes ablutions… Cinq minutes et quelques brûlures plus tard, je descend et m’installe à table avec les potes.

Pendant le repas, je dis à Olive que le lendemain j’attaque enfin avec un autre pote l’installation de l’abris de jardin destiné à stocker ma Harley. Là Olive bien plus pragmatique que moi (ou peut être abonné à Castorama Mag) me demande si j’ai fait le béton pour caler les traverses métalliques qui supporteront la guitoune… En fait,j’ y avais pas vraiment songé, d’autant plus que niveau matos de maçon, chez moi c’est vraiment la misère ambiante ! Des pelles de l’armée U.S pour tout outil ; pas un gramme de mortier ; zéro spatule…bref le triple zéro de la bricole ! ! ! Alors quand Olive me demande si j’ai du gravier pour mélanger au mortier qu’il est prêt à m’apporter pour me sortir par pure amitié de ma situation de bricoleur à temps partiel, je préfère me draper dans un silence digne et faire semblant de me passionner pour la salade moza…

 Au bout d’un certain nombre de verres de pinard et de champagne, Olive affirme que le gravier c’est pas un problème et que comme y’a des travaux au bout de sa rue, on va pas s’emmerder la vie et qu’on va charger la Mégane de trois-quatre seaux bien tassés… Moi qui ne bois jamais, chuis pas super chaud pour le commando gravier, vu que  les deux-trois fois où j’ai été malhonnête dans mon existence, j’me suis fait gauler… comme la fois où du haut de mes douze ans j’avais taxé dans une grande surface en Guadeloupe une boite de Smarties et qu’je me suis fait toper par l’immense vigile black… pas super fierrot le type ! ! ! ou bien celle à vingt ballets où pour la seule fois de ma vie j’ai essayé de gruger la Semvat en prenant le bus sans poinçonner mon ticket ; l’arrêt suivant, les contrôleurs montaient et bloquaient les portes pour vérifier les titres de transport de chacun ; DAMNED ! ! ! Bref à cause de toutes ces mésaventures, j’étais moyen emballé par le plan d’Olive à un gramme sept ! Puis au final, un peu pressé par le temps et surtout sans la moindre idée de l’endroit où je pourrais trouver du gravier, je m’embarque dans l’aventure avec Olive désormais à deux grammes.

Je charge dans le coffre de ma caisse les quatre seaux vides ; Olive s’arme d’une pelle, et plutôt que de monter avec moi dans la bagnole pour parcourir discrétos les cinq cents mètres qui nous séparent du tas de cailloux ; il commence à marcher lui et son polo rouge pétard aussi droit qu’il le peut en traînant derrière lui la pelle sur le goudron dans le plus pur style Bernie Noël… A deux grammes deux, Olive à sa notion bien à lui de la discrétion…
J’atteint les tas de gravier avant lui; en grand passionné de tout ce qui est unités d’élite ou groupes d’inter, je gare ma voiture prête à démarrer en cas de fuite dans un coin sombre en léger retrait de la route, invisible aux regards potentiels, et éloignée de tout éclairage.
A peine la Mégane en place, j’entends Olive arriver sur l’objectif avec la discrétion d’un homme orchestre ! ! ! Je sors le premier seau du coffre et le porte à Olive qui commence à le remplir dans un bordel sans nom… le seau remplie, je retourne à la voiture pour le charger et rapporter le second vide. A ce moment, deux voitures passent sur la chaussée à trois mètres du tas graviers ; Olive percute aussitôt et lâche la pelle en retrait et simule (façon de parler) le type à moitié bourré en train de pisser sur le bas côté ; un jeu d’acteur parfait, le stratagème fonctionne à merveille et les deux véhicules poursuivent leur route. Pour fêter ça Olive réattaque de plus belles des pelletées dont le bordel causé doit au moins s’entendre à deux bornes… Tant bien que mal, on parvient à gaver les quatre seaux de graviers que je charge et réparti dans le coffre de mon carrosse.
J’appelle Olive pour le faire monter dans la caisse histoire de s’exfiltrer des lieux relativement discrètement, mais il en décide autrement en se faisant le chemin du retour façon « Bernie II le retour de l’Homme à la pelle »… Je démarre et part de mon côté en la jouant fine, je contourne les deux-trois pâtés de maisons et reviens me garer devant chez Rachelle et Olive sans avoir emprunté le même itinéraire qu’à l’aller ! Du coup j’ignore si Olive est déjà rentré ou si il est encore en route, quand soudain j’aperçois son polo rouge au milieu de la rue à deux cents mètres de chez lui ; je marche vers lui pour lui dire que j’ai fait le tour en bagnole, mais lui visiblement  ne me reconnais pas ; il change de côté de trottoir ; je fais de même ; puis après une bonne montée de flip et un début de paranoïa Olive réalise que le type qui s’avance vers lui n’est personne d’autre que moi ;son binôme du commando BERNIE…

MITCH MANAGEMENT


Notre entreprise est tellement vaste, que tous autant que l’on est, on a croisé tous les types de management et de managers :
Des bons, des moins bons, des franchement à chier et des types qui sont arrivés là pask’au MC Do on voulait pas d’eux pour être chef de la friteuse…

Sur le Commercial, on a un spécimen à part, un big chief responsable des opérations de poste qui n’existe nulle part ailleurs, et chuis certain que le 320 ou le 380 doit nous regarder avec jalousie et envie en voyant notre Mitch…

Dans une entreprise privée autre que notre boite bien aimée, Mitch serait déjà en taule ou au goulag, mais pas ici… Lorsqu’on confie un zinc premier de version ou compliqué à Mitch, on sait que le cycle alloué à cet appareil sera respecté et que la machine sortira dans les temps pour atteindre le step suivant… et ça à n’importe quel prix…Paske Mitch pour lui les délais, c’est sacré peut être même plus encore qu’à la SNCF, quitte à attaquer la journée de taf’ à six heures zéro zéro et la terminer à dix neuf heures, à ne pas aller manger à midi et à faire rougir les circuits imprimés et la puce de son portable, Mitch il se bat pour faire avancer l’aménagement de son avion… Alors forcément, si Mitch le fait, si tu bosses sur son avion, tu dois aussi t’y plier !!! Si ton téléphone sonne déjà à six heures quarante cinq du mat’ ou qu’à sept heures pétantes t’as déjà reçu dix Mitch mails, c’est normal ; c’est que t’as gagné au tirage et intégré la Mitch dimension !!! Un univers où les choses habituellement impossibles sont tout à fait réalisables, où les avions gérés par tes collègues ne viennent se placer qu’en dernière position en termes de priorités des interventions partenaires et sous traitants… Mitch c’est une sorte de magicien ; lorsqu’il t’appelle pour faire activer un point, il a déjà lancé l’action de son côté, passé quinze coups de fils, mis en intervention trente personnes différentes pour être certain que le problème sera traité… et ça marche ; reste plus qu’au pauvre type vraiment responsable du point de s’y retrouver à l’issue de l’intervention pour solder l’administratif et essayer de comprendre qui a fait quoi… ?!  Mitch lui il s’en cogne, le travail est fait sur avion…basta y’a que ça qui compte, le reste, c’est du « Martine à la plage ».

Mitch a surement pris des cours de théâtre plus jeune, paske quand tu lui annonces qu’un partenaire ne pourra intervenir que l’après-midi ou le lendemain sur son avion car il doit terminer un point tendu sur un autre appareil, là tu sens que le monde s’écroule à l’annonce de ta phrase… Mitch il est fort, il te fait culpabiliser en te disant que du coup tu vas bloquer le cycle de l’avion, que ça va retarder le montage de telle ou telle zone et que donc il peut renvoyer les compagnons chez eux puisque de toute façon tu les empêches de faire leur boulot et que dans une certaine mesure, la faim dans le monde, le SIDA et les massacres inter ethniques, tu n’y es peut être pas étranger… trop fort Mitch !!! Alors il te demande d’en référer au chief des big chiefs, paske il faut rendre compte et que si on perd la moindre minutes paske les partenaires n’ont que deux bras chacun, ben ça sera en tout cas pas sa faute, paske Mitch lui il a jamais sorti un zinc à la bourre depuis qu’Icare à effectué son premier vol…vers le sol…

Quand tu bosses sur un avion à Mitch, tu lui appartiens corps et âme, toi, ton PC et ton téléphone mobile qui désormais ne reconnait qu’un seul numéro… Si avec ta nana ça se passe mal, c’est pas un problème paske d’une certaine façon toi et Mitch, vous êtes pacsés…

On a vu plusieurs mobiles se suicider ces dernières années en sautant d’un bureau ou en se jetant la tête la première dans une bouilloire en plein ébullition suite à une over sollicitation du mobile de Mitch…

Parfois, il arrive qu’il manque un équipement, ou un élément quelconque au moment d’assembler un composant dans l’appareil de Mitch, mais là, pas de nœud au cerveau, pour ça, il existe le prélèvement ; c’est légal (c’est écrit dans l’évangile…) du moins sur certains équipement ou pièces, mais pas sur tous… Même quand la pièce ou l’équipement est enfermé dans l’armoire du logisticien d’un autre poste et donc d’un autre avion, Mitch il peut faire un prélèvement au pied de biche…il a la licence to canibalize !!! Alors on regarde un peu ailleurs, on fait comme si l’armoire était déjà ouverte à cause d’un courant d’air malicieux, ou comme si des lutins facétieux avaient montés l’élément dans le zinc à Mitch pendant la nuit…bien sur que c’est possible, on a bien des chats qui chient sur les sièges ; des ordinateurs qui disparaissent des bureaux, alors pourquoi pas des lutins qui montent des pièces la nuit hein ?!

Mitch c’est pas comme machin ….. lui c’est pas une feignasse, d’ailleurs il prend pas beaucoup de vacances (à notre goût). Lorsque parfois tu l’appelles, une fois n’est pas coutume, et que tu lui demandes où il est, il est probable qu’il te réponde de la soute de son avion ou de la porte pax quatre en train de cheminer un harnais ou remonter un panneau d’habillage ; Mitch il est multi activité…

Quand on parvient au bout de plusieurs jours ou semaines à la fin de cycle d’un avion à Mitch ; il y a le passage avion… C’est là que ça bataille dur pour essayer de refiler le max de dossiers en cours aux copains du step suivant et de tenter d’en garder le moins possible ; un dossier gardé égal des merdes de plus à gérer… Mais les copains d’après ils le savent que tu vas essayer de leur refiler des brocolis moisis, alors ils gardent l’œil…
Quand toi tu présentes tes points, si par malheur t’es pas super clair sur un sujet ou que tu hésites un quart de secondes sur une question des gars d’en face, compte sur Mitch pour t’enfoncer un peu plus ; la solidarité ça n’a pas de prix !!! même si tu t’es sorti les doigts du fondement pour lui pendant tout votre pacs, même si tu t’es démené pour passer un avion aussi clean que possible aux collègues de la piste, c’est pas grave, tu prendras quand même dans les dents la petite réflexion qui sous entend que tu t’ai fait reluire le poireau pendant que l’avion était au poste et qu’il te l’avait bien dit… Ahhhhhaaa la Comédia Del Arte, c’est tout un savoir faire…et Mitch il est balèze !!!

Mais Mitch, après toutes ces années, il est toujours là ; indéboulonnable, un répertoire de téléphone gros comme la Californie, des contacts au Berylium pour faire fabriquer n’importe quelle pièce avion (qu’est-ce qu’on s’en cogne de la certification ? on fait des économies de papier ou non ?!) fidèle à son timing légendaire, à son jusqu’au-boutisme ; plus fort qu’un groupe d’intervention Russe, plus malin qu’une hyène à casquette qui essaye de te vendre un bout de terre en te faisant croire que c’est du shit… Mitch c’est un bonhomme !!!

DJIAN


Y’a pas à dire la lecture et le soleil c’est deux choses qui vont de pair…J’me lasse pas de dévorer des bouquins de poche vautré sur une chaise longue au soleil, un kawa dans une pogne, un livre dans l’autre et c’est parti, j’me fais des lignes non-stop jusqu’à ce que l’astre décline et allume un incendie dans le ciel…
En ce moment je relis le meilleur de DJIAN, j’enchaîne ; « 37.2 », « Echine », « Zone Erogène », « Bleu comme l’enfer » plus je lis cet auteur et plus ça provoque chez moi une méchante envie de noircir des pages. Pas un endroit où j’aille sans embarquer avec moi un de ses bouquins dans ma caisse ou dans la poche de mon treillis ; dès qu’j’ai cinq minutes je dégaine mon livre et je m’enquille quelques paragraphes. Le type n’a pas son pareil pour insuffler à chaque acte insignifiant de la vie une dimension esthétique, très vite tu t’identifies au narrateur du coup son histoire devient un peu la tienne et son quotidien ton quotidien…
Pour Djian, être écrivain n’est pas seulement un métier, c’est un mode de vie ; beaucoup de ses bouquins sont en partie ou entièrement autobiographiques, y’a du Bukowski dans sa façon d’écrire, on y croise souvent un narrateur qui essaye de vivre de sa plume mais qui pour ça doit se cogner les boulots les plus divers et les plus merdiques en subissant pas mal d’inadaptés sociaux, tout ça pour toucher un chèque plutôt léger en fin de mois… Une vie de débrouille pour se rendre le quotidien plus supportable et parfois même un peu magique…
Il était temps, au milieu de la seconde saison de Dexter, je commençais à regarder les pètes burnes de mon entourage d’un œil différent, Djian est arrivé à point avant que je commence à jouer de la seringue…

En parlant de bouquins, va falloir qu’je me calme un peu, j’les empile par dizaines sur les étagères de ma tour, pas une sortie en ville ou dans une grande surface sans en acheter un, au bas mot j’dois avoir un avance de deux ans sur mon stock de lecture à venir… Mais comme addiction, y’a pire non ?! A parfois deux euros le poche d’occaz’, tu t’offres pas mal de pages de voyage, de rêve et de dépaysement, pas cher payé… Même dans un lieu peuplé d’individus franchement pas fréquentables ni intéressants, un bon bouquin c’est ton passeport pour l’évasion, salut les cons chuis plus là, inutile de laisser un message sur ma boite vocale, je rappellerai pas !!!
Moi j’dis que la sécu devrait rembourser l’achat des bouquins de poche, ça calmerait pas mal de monde et du coup y’aurait moins de gens énervés en liberté, sur les rocades, dans les magasins, les prisons et tous les autres lieux qui drainent du public… Une sorte de mesure thérapeutique à grande échelle… En même temps, ça permettrait une p’tite remise à niveau générale en orthographe et en syntaxe…et là, y’a du taf’ …

Si lire c’est progresser, j’en connais pas mal à qui on devrait prescrire une putain d’ordonnance de huit pages pour rattraper les années de lacunes et d’obscurantisme…ça leur ferait pas de mal de décrocher de la Roue de la Fortune ou d’Une Famille en « plaqué » Or pour se plonger dans un bon bouquin et faire sensiblement remonter la courbe de leur Q.I .. Mais ne rêvons pas trop, à une époque où Vincent Mc DOOM et  F.X passent pour des bêtes du Show Biz, j’ai un doute sur l’évolution intellectuelle de pas mal de mes contemporains …

Allez il est temps, j’retourne me faire quelques lignes…

FORTYNAGERS... SO WHAT?


Y’a pas à dire, le skate long board, c’est le grand pied ; les mêmes sensations que le surf ou le snow mais avec dix fois plus de facilités pour mettre en œuvre les sessions ; pas besoin de faire des bornes pour aller à l’océan ou à la montagne, pas de gros matos nécessaire, bref easy baby !!!
Désormais deux-trois boards squattent en permanence le coffre de ma Mégane de course et lorsque au grès de mes déplacements en rentrant du taf’,en allant à la boxe ou le week-end en revenant de chez mamie Adrienne je croise un spot susceptible d’envoyer ; je gare ma caisse, enfile mes gants et teste une bonne dizaine de fois la descente avec l’une de mes planches (non j’parle pas d’un Power Point de merd…). 
Tout ça c’est un peu la faute à Pedro, la dernière fois que chuis monté à Paris, il m’a convaincu d’aller au ciné en skate… bien que toujours partant pour les plans anti-adulte raisonnable, j’me disais qu’à pas loin de quarante balais, à l’âge où les gens responsables débutent le Taï Chi, le Yoga ou la danse de salon  c’était peut être pas le sport vers lequel il fallait se diriger (le col du fémur ça peut péter à trente huit ans nan ?). Mais Pedro, c’est mon poteau, on se connait depuis l’âge de dix sept ans, et depuis plus de vingt ans après on en a toujours dix sept !!! Alors au final on a bien été au ciné voir un film d’art et d’essai (Expandable) en skate et du coup j’ai choppé le virus du carving et du flex qui tue !!!
A mon retour sur Toulouse, j’ai donc investi dans une planche digne de ce nom, un mètre de haut au garrot, des trucks de super qualité et des roues aux roulement diaboliques et go ; down hill dans les vertes collines de mon sweet Lauragais… l’éclate totale et le sourire béat comme lorsque je ride sur ma Harley…

J’ai tellement choppé le virus qu’à force d’en discuter avec les potes j’ai aussi contribué à la pandémie de longboardus roulettus… et ce qui devait arriver arriva, Olive (commando Bernie) mon pote d’enfance se lance à son tour dans l’aventure…
Aussitôt piqué, aussitôt acheté, on se retrouve en centre ville tout les deux et il investit dans une super planche Lush ; un bien bel objet d’un mètre douze, et un montage truck/roulettes de fou ; une petite poussée du pied et tu parcours trois cent mètres sans forcer ni pousser mémé dans les orties...
Deux heures plus tard, on est déjà sur le bitume des rues de Montaudran à rouler comme des merdeux de quinze ans et à enchaîner les virages le sourire aux lèvres ! La planche d’Olive est à la hauteur de ses espérances ; de la pure glisse, on s’éclate…
Le soir même on est invité à manger chez Olive et Rachele, le vieux et sa Vaniloutte sont de la partie ; nous en vrais mecs, on mange des kilos de viande, paske qu’un mec ça mange de la viande !!! Les filles, évolution des mœurs oblige s’enchaînent les verres de vin (oooh je suis un peu pompette … hi hi hi !!!) et tcharent enfants, mode, déco bref, des trucs de filles auxquels on comprendra jamais rien, mais tant qu’on est pas obligé de les amener chez IKEA un samedi aprèm, c’est pas très grave…
A la fin du repas, à vingt trois heure trente précise, Olive super motivé et à au moins deux grammes sur l’échelle de Pinard lance le cri de guerre qui sent la session de Long Board …
Les filles toujours à leur conversation alcoolisée ne s’aperçoivent même pas de notre disparition de la table que nous on est déjà dehors à sortir les planches du coffre de la voiture et à s’équiper… Je mets un casque sur la tête du vieux paske à plus de quarante ans et pas mal d’années de boxe derrière, il faut préserver au maximum ses quelques neurones encore intacts… Nous voilà parti dans les rues toulousaines sur nos boards infernales ; c’est nickel, personne ou presque dans les rues (bon ok il fait zéro degrés !) très peu de voitures ; le bitume nous appartient… On alterne les boulevards plats et droits, les allées de bus, les descentes lisses et les larges virages ; on a bien du s’enquiller trois quatre bornes dans le quartier sur une bonne heure et demi de session, l’air est frais, mais le skate ça réchauffe, pas le temps de s’endormir sur la planche… Le Vieux se la joue cruising tranquilou (normal, c’est sa première session sur roulette !!!) avec Olive on bombarde un peu plus dans les descentes, d’ailleurs, il se gauffre deux fois et sa joli doudoune Décathlon en fait un peu les frais mais bon à deux grammes c’est le genre de détail qui bouleverse pas ton équilibre psychique profond …

Après une bonne descente, on se retrouve à deux pas (à deux roulettes ?!) de la maison d’Olive, mais on décide quand même de tracer une dernière droite et d’aller montrer au Vieux la descente sous le pont de la voie ferrée… dernier passage dans la rue au bitume neuf ; un régal !!! On atteint le pont dans la foulée ; Olive ouvre le convoi,  il est à fond et commence à se prendre la descente pleine vitesse ; j’lui gueule de prendre sur la piste cyclable, que la route est meilleure et qu’il n’y a aucune chance de croiser une caisse mais il nous répond que la piste cyclable c’est pour les tafiolles et que lui c’est un aigle de la route… Total, l’aigle de la route se laisse surprendre par la grille d’évacuation d’eau sous le pont et son genou lui rappelle qu’à deux grammes on est un petit peu moins alerte sur ses appuis… il se gauffre comme un gros loukoum au beau milieu de la chaussée en poussant le râle caractéristique du sanglier mâle blessé… Et merde !!! Ca à l’air sérieux, nous on est pas des fiottes de footeux, quand on a mal, c’est pour de vrai (ou à cause d’un gros rhume mortel !!!)  et là Olive il a mal…
Je laisse le Vieux monter la garde auprès de l’Aigle de la route qui maintenant ressemble plus à un canari apeuré et je file chercher la bagnole pour organiser l’évacuation de la victime de la grille… Une main sur le volant, j’en profite pour appeler les filles et leur demander de préparer une poche de glace pour Olive, paske qu’il vient de se gauffrer, mais c’est pas trop grave, mais quand même il a mal …
Dix minutes plus tard, Olive agonise sur le canapé de son salon, le concept de la poche de glace n’est toujours pas arrivé au cerveau de Rachele qui continue à discuter avec ses copines et à boire un peu paske parler ça donne soif !!! Nous on inspecte le genou d’Olive à la lumière, le Vieux a un CAP en médecine ; ça à pas l’air vilain, alors on le rassure… à  la place de sa femme indigne qui ne lui apporte toujours pas de poche de glace…
Le lendemain Olive en pète tellement qu’il va aux urgences montrer sa guibole, deux jours et un IRM plus tard, le verdict tombe : rupture des croisés antérieurs !!! Et re-merde !!!

Bilan des courses Olive attend le verdict du toubib, opération ou pas ? Le Vieux songe sérieusement à s’acheter une board, mais à jamais monter dessus bourré et moi je commande une nouvelle planche d’un mètre seize paske putain c’est trop bon le long board ; on s’en cogne, on est des Fortynagers !!!